vendredi 4 septembre 2009

Chronique d'album : Saosin - In Search Of Solid Ground


Trois ans après leur premier album acclamé par toute la presse et les fans malgré le changement de chanteur, Saosin était pour le moins attendu au tournant avec ce second effort. Récemment le groupe avait livré un Grey EP sublime, montrant des musiciens plus à leur place que jamais et promettant le meilleur à venir pour ce In Search Of Solid Ground. Le groupe nous apprenait qu'ils avaient bossé avec plusieurs producteurs dont Butch Walker, et que le plus difficile a ensuite été de faire en sorte que le mix des différents morceaux reste cohérent. Alors qu'en est-il finalement ?

On retrouve tout d'abord sur ce disque les trois titres du Grey EP dans des versions retravaillées qui demeurent encore ici incontestablement parmi les tubes de l'album. « Keep Secrets » devient « I Keep My Secrets Safe » et ouvre l'album : les lignes de chant ont été légèrement modifiées mais demeurent tout aussi réussies, le refrain a été changé, pour ma part je préferai celui de l'ancienne version, la grosse surprise qui avait été un passage entièrement crié particulièrement prenant demeure présent mais son final est un peu atténué par des choeurs chantant par dessus, dommage, il avait plus d'impact autrefois; enfin le final est agrémenté de choeurs. « Love Maker » est devenue « The Worst Of Me », c'est celle qui a été le moins modifiée, le chant de Cove a été un peu amélioré, par contre les double voix criant You always mislead me chantent ici et ne crient plus, ce qui enlève un peu de punch à la chanson. Pour finir, « Why Can't You See », la chanson la plus légère des trois a été un peu alourdie au niveau des guitares et sonne moins punk-pop. C'est avec une légère amertume qu'on se surprend à préférer finalement les anciennes versions de ces chansons, plus simples et spontanées. Tout comme j'ai toujours préféré la version EP de « Bury Your Head » sur le premier album.

Il y a également ces morceaux que le groupe a mis en écoute sur Internet avant la sortie de l'album, et qui sont vraiments excellents. Le premier, « Is This Real », possède des cris en double voix dans les couplets (c'est le seul malheureusement) et le refrain est génial avec des choeurs typiquement Saosin, une grosse réussite. Les passages en chant aigu et le passage calme vers la fin sont tout particulièrement beaux. Le second morceau est « On My Own », en fait une nouvelle version de la démo « Uphill Battle » de 2003 qui n'a finalement plus grand chose à voir avec la version originale. Mais pour une fois c'est tant mieux : le groupe a conservé le riff qui tue, tout le reste est changé, le chant est quand à lui excellent. Le final tout tranquille fait penser à Thrice sur The Alchemy Index. Puis le groupe a posté « Changing » peu de temps avant la sortie de l'album, un morceau qui comme son titre l'indique change un peu du style Saosin, il y a un côté AFI dedans, ce qui n'est pas pour me déplaire, le refrain est vraiment catchy, un futur single en puissance.

Puis il y a les nouveaux morceaux. « Deep Down » propose une instrumentation intéressante et originale tout en restant bien rock, les lignes de chant la rendent assez accrocheuse. « Say Goodbye » est un morceau relativement normal pour le groupe bien qu'un peu plus calme, qui ne surprend pas vraiment mais reste très agréable, j'aime tout particulièrement le refrain : Say goodbye, that's all you wanted. Mon petit préféré parmi les inédits est « The Alarming Sound Of A Still Small Voice », cette chanson est vraiment mélancolique, des couplets au refrain vraiment intense : Am I right where I need to be, or is this another distraction is this how I'm supposed to feel.

Le changement vient ensuite avec la présence de nombreuses chansons plus calmes. C'est vrai que tous les textes de l'album parlent d'amour ou sont consacrés à une fille. Personnellemnt ça ne me dérange aucunement. « Nothing Is What It Seems (Without You) » est un peu la nouvelle ballade de lover façon « You're Not Alone » : Tell me how I'm supposed to live without you ? Dans le même registre, « It's All Over Now ». A ce stade il y a quelques chose qui peut poser problème à certains fans, ce nouveau coté limite pop-rock manquant de punch, de gros riffs et de batterie chaotique. Ainsi « What Were Me Made For » a vraiment quelque chose de radiophonique, le morceau final « Fireflies (Light Messengers) » commence carrément au piano et demeure calme : I'll never be able to say I love you, I love you, I love you, les guitares se mèlant aux notes du piano durant près de 8 minutes. Finalement c'est vrai que ces chansons sont les moins effiaces, mais au fil des écoutes on se met à les apprécier de plus en plus.
Quand à la bonus track de la version japonaise « You'll Never Noticed Me » elle est rock et très accrocheuse, elle aurait mérité de figurer dans la tracklist au détriment d'une chanson plus molle.

Pour ceux qui ont suivi de près la mise à disposition des morceux en ligne, le premier constat peut-être décevant car on se dit qu'on connaissait déjà toutes les meilleures chansons du disque, les nouveaux morceaux n'étant pas pour la plupart ceux qui nous accrochent desuite. Puis finalement en comptant les morceaux qui nous plaisent, on constate que la moitié de la tracklist est quand même composée de tubes, et pas des moindres, « I Keep My Secrets Safe » surpasse à elle seule toutes les chansons du Self-Titled à mes yeux. Alors dans ces conditions comment dire du mal de ce disque ? J'ai tellement écouté les chansons du Grey EP ainsi que « Is This Real » et « On My Own » en boucle durant des semaines avant la sortie d'In Search Of Solid Ground... ma déception n'est qu'illusoire parce que j'ai écouté la moitié de l'album avant qu'il sorte, j'aurai été bluffé si j'avais tout écouté d'un coup pour la première fois. Les chansons calmes apportent un changement et sont sympas au final. Et puis merde, cet album est mon album de l'année. Un excellent deuxième disque à la hauteur du premier.

Chronique d'album : Brand New - Daisy


Brand New est un groupe en constante évolution. Depuis leur débuts punk-pop jusqu'au chef d'oeuvre The Devil And God Are Raging Inside Me, chacun de leur album vaut le détour dans un genre différent. On peut dire qu'ils ont gagné le respect de la scène, tout comme des groupes comme Thursday ou Thrice.

« At The Bottom » est le premier single de ce nouvel album. Un morceau dans la lignée de l'effort précédent, assez accrocheur mais avec un refrain un peu crié avec la présence de doubles voix. La chanson parle d'un enterrement et de proches qui disparaissent.

L'album débute quand à lui sur un sample de piano avec un chant féminin façon ancien temps puis soudainement en plein milieu une batterie explose, suivie des cris de Jesse pour une chanson entièrement screamo ! Grande première pour le groupe, et si autrefois certains réchignaient à les classer dans l'emo cette chanson aidera à faire pencher la balance. Par contre ne commettez pas la même erreur que moi : ne démarrer pas l'album le volume à fond où vous risquez bien de sursauter comme jamais.

On retrouve en effet sur ce disque un côté bordélique enragé, le groupe n'ayant jamais sonné autant violent et chaotique : « Gasoline » est un morceau que j'avais déjà pu entendre sur Youtube dans une version live, Jesse y alterne phrase en chant clair et phrase criée, accompagné de battements de tambours et d'une guitare dissonante ce qui donne une ambiance assez spéciale. Il y a une accelération subite sur la fin avant une outro tout en sonorité bizarre et lourde. Du même acabit « Sink », un des morceau les plus réussi : une instrumentation très southern rock puis des cris qui surgissent subitement façon Sowing Season, comme le groupe c'est si bien le faire; ainsi que « Bought A Bride » qui commence lentement comme ce qui pourrait être une chanson de l'album précédent avant qu'une batterie lourde n'introduise les lamentations criées de Jesse. Enfin « In A Jar » qui commence avec sa basse et son chant tranquille avant de partir en hurlements dignes de Kurt Cobain.
L'influence southern rock citée pour « Sink » reviendra dans « Be Gone », un morceau calme mais très chelou avec un chant déformé et incompréhensible dont l'utilité ne saute pas aux yeux.

Complètement à l'opposé de cette rage, on trouve des morceaux parmi les plus lents du groupe : « Bed » est tout calme et berçant. Plaisant, chaleureux. « You Stole » est une ambitieuse pièce maitresse de 6 minutes, qui commence tout doucement, des voix féminines venant ensuite accompagner le chant avant que la chanson ne parte en rock sur un riff des plus efficace.

Il faut également noter l'implication du guitariste Vinny dans l'écriture des textes dans un style poétique et torturé. Les paroles sont très sombres et pessimistes comme ces deux chansons écrites par Vinny : le morceau calme « Daisy », qui débute sur un sample de voix d'homme et des instruments inquiétants puis dans laquelle on peut entendre entre autre I'm a mouth that doesn't smile, I'm a word that no one ever wants to say avant qu'un sample de voix d'enfant ne revienne; puis le magnifique morceau final « Noro » : la voix aux bords des larmes de Jesse est accompagnée par une double voix répètant I'm on my way to hell.

Daisy est finalement un album très contrasté : les chansons violentes sont encore plus bourrines qu'avant, les chansons calmes encore plus douces. Malheureusement le côté trop spontané et destructuré l'empêche de s'apprécier autant que ce qui restera comme leur meilleur album : The Devil And God Are Raging Inside Me; néanmoins Brand New signe un album de qualité, mature et anti-commercial. Ne croyez pas que vous allez le dompter dès la première écoute, c'est ce qui fait le charme des grands disques.