
Après des débuts punk aux textes engagés, c'est à dire dès leur troisième album, Smash (à ce jour record du monde de vente sur un label indépendant) et surtout l'encore plus barré Ixnay On The Hombre, les Offspring ont toujours su pondre des tubes méga entêtants. Le seul problème du groupe c'est qu'il n'a jamais vraiment su renouveller son punk-rock mélodique depuis l'album Americana, il y a dix ans déjà. Le dernier album en dâte, Splinter, certes très efficace, renvoyait énormément aux albums précédents (une volonté de la part du groupe), mais malgré tous les clins d'oeils au passé et un son très lourd et même disons le, bourrin, nous restions un peu sur notre faim. Parce que un album trop court et l'impression que le groupe manquait d'inspiration (bien que je le répète, chansons très efficaces). L'inédite parue récemment sur le Greatest Hits : Can't Repeat n'arrangeait pas la donne. A l'heure où une partie des fans rêvent encore d'un retour aux sources et où un groupe comme Green Day parvient à se ré-inventer en mettant un message et un concept ambitieux tant dans le ton que la forme de son punk rock, on pouvait vraiment se demander ce que nous réservaient les Offspring, sans trop y croire, il est vrai, tant ils donnaient l'impression de se satisfaire de leur basique punk accrocheur. Nouveau producteur aux manettes, le fameux Bob Rock, connu pour ses collaborations avec Metallica, Aerosmith et plus récemment le dernier Lostprophets. Pour la batterie, c'est encore une fois Josh Freese (The Vandals, A Perfect Circle) qui assure l'intérim.
L'album s'ouvre sur la mélodie mélancolique d'Half Truism, qui cède bien vite la place à un rythme plus punk, la voix nasillarde de Dexter, les choeurs magnifiques en ho ho, ça y est c'est du Offspring, on est en plein dedans. Si les couplets sont très classiques, le refrain est, comme d'habitude catchy à mort, mais possède ce petit côté mélancolique qui revient et rappelle Race Against Myself sur l'album précédent, punk émouvant grandiloquent. Trust In You, seconde piste, classique, très classique, efficace pourtant; oui, du 100% Offspring. Mais veut-on encore de ça ? On dirait une chute de Splinter.A partir de la troisième piste, tout va changer. You're Gonna Far Kid est surprenante. L'intro se révèle... dansante. Plus Panic At The Disco qu'Offspring quoi. « Dance, fucker dance ! » On accroche direct. Le pré-refrain me laisse encore cette impression mélancolique avec une mélodie qui prend aux tripes, puis enchaine sur une refrain punk (on se refait pas). Putain le groupe est capable de proposer quelque chose de nouveau et qu'est-ce que c'est bon. Un des meilleurs titres. Restons sur l'axe des chansons novatrices : A Lot Like Me qui commence sur des notes de piano, autant dire un instrument qu'on n'a pas l'habitude d'entendre chez Offspring, mais ensuite... Dexter chante ! C'est là qu'on se rend compte que la plupart du temps le chant chez Offspring est à moitié crié. Une voix chaleureuse qui révèle un aspect que jamais le groupe n'avait laissé percevoir jusqu'à présent. La chanson est d'ailleurs plus rock alternatif que punk. Ensuite vient Kristy, Are You Doing Okay? qui commence comme une ballade acoustique et un Dexter qui fait son lover puis continue en rock très doux. Dans la même veine : Fix You, ballade presque entièrement en son clean (limite acoustique) et ça c'est une première. Ok le groupe avait déjà proposé des ballades, comme Spare Me The Details sur l'album précédent mais c'était une grosse blague au niveau des paroles, jamais le groupe n'avait assumé une ballade triste et romantique ou ne l'avait vraiment prise au sérieux. On est loin des refrains catchy sur celle-là mais l'ensemble est émouvant. Mais la cerise sur le gateau arrive avec Stuff Is Messed Up et son intro heavy metal / rock'n'roll et le chant qui suit, originale, surtout diablement efficace, un final à la System Of A Down avec un Dexter qui débite des paroles à 300 à l'heure. Un tube en puissance.
Alors Offspring, toujours un groupe de punk-rock ? Ben oui rassurez-vous. Déjà le single, Hammerhead. Punk rapide et puissant mais contrairement à avant, une composition bien plus longue avec des changements de rythme à l'intérieur même du morceau (l'effet rock-opera Green Day?). Un final endiablé avec un chant vraiment crié, les quadragénaires ont la pêche ! Take Me Nowhere, couplet direct accrocheur sur un rythme punk, mais le meilleur reste encore le pré-refrain et son côté encore... (vous devinez?)... mélancolique (les choeurs y sont pour beaucoup dans ce ressenti). Très bonne chanson. Nothingtown est quand à elle plus classique et rappelle Want You Bad sur Conspiracy Of One, sympa mais je passerai vite dessus. Reste les deux dernières chansons du disque : Let's Hear It For Rock Bottom qui commence encore une fois avec un chant vraiment chanté sur des airs roots avant de partir en punk pop mais vraiment teen pop qui rappelle plus blink-182 que Bad Religion quoi. Excellente chanson. L'album se termine avec la chanson titre, Rise And Fall : une sorte d'hommage ou de clin d'oeil à leurs potes de Green Day car cette chanson c'est entièrement du Green Day ! De la batterie aux riffs, seule la voix rappelle bien qu'on écoute du Offspring. Pour finir la chanson bonus de la version japonaise, O.C. Life, où là devinez quoi, on a enfin droit à notre chanson punk à l'ancienne !
On y croyait plus mais ils l'ont finalement fait. Au lieu de nous pondre un énième Americana bis qui n'aurait eu que pour effet de nous lasser du groupe, les Californiens ont enfin mis de l'ambition dans leur punk-rock. Offspring sous l'impulsion de leur nouveau et talentueu producteur se ré-inventent enfin (toutes proportions gardées) : évolution et assurance du chant, nouveaux arrangements bien éloignés des sonorités habituelles et introduction de sons acoustiques; tout en conservant une maîtrise parfaite dans les chansons plus punk. Le groupe n'avait pas semblé aussi inspiré depuis bien longtemps, depuis Americana voire même, soyons fou, Ixnay On The Hombre. Une renaissance.